Le 21 mars 2023 se sont tenues à Paris les rencontres Seniors et Société. VYV3 était représentée par le biais de Valérie Levacher, Directrice du pôle Accompagnement de VYV3 qui est revenue sur le rôle crucial des professionnels dans les enjeux de vieillissement.
La priorité est de s’occuper des personnels soignants si l’on veut que nos établissements puissent faire face au vieillissement de la population et à l’augmentation croissante du nombre de personnes en perte d’autonomie.”
Valérie Levacher
Au cours de la table ronde sur le thème « Quelles priorités pour bâtir une société du bien vieillir ? », Valérie Levacher a partagé ses constats et proposition relatifs aux questions de l’emploi et de formation pour les métiers du grand âge :
« VYV3 est le premier acteur mutualiste en santé et protection sociale. Son ambition est d’accompagner les personnes tout au long de la vie. Le sujet du vieillissement est au cœur de nos préoccupations. Trois de nos métiers interviennent dans ce domaine : l’assurance, le logement, le soin et accompagnement.
Je partage les propos qui ont été tenus. La société du bien-vieillir appelle des réponses variées qui doivent être construites de manière systémique.
En tant qu’acteur de santé, je voudrais mettre en avant le sujet de l’attractivité des métiers du grand âge. Toutes les réformes envisagées ne pourront pas aboutir sans les forces vives. Je tiens également à souligner que si la crise sanitaire a eu un impact traumatisant pour tous et en particulier pour nos professionnels qui, depuis deux ans, vivent des situations de service dégradé, elle n’a fait que révéler et amplifier des difficultés préexistantes.
Nos métiers sont des métiers de vocation, porteurs de sens car ils touchent à l’humain. Cependant, il apparaît clairement que le système qui accompagne le vieillissement aujourd’hui ne fait plus rêver les intéressés. Cela vaut aussi pour les accompagnants. Bien que le métier d’infirmière figure en tête des choix des lycéens dans Parcours Sup, plus de 60 % des étudiants abandonnent ce cursus de formation avant son terme. À l’inverse les bancs des écoles d’aides-soignants se vident. Il est permis de parler d’une crise des vocations. Cela ne surprend guère, pour peu que nous observions les conditions de travail tant à domicile qu’en Ehpad. Il a été montré historiquement que la gestion des Ehpad a pris un tournant comptable. Il s’agit d’activités financées enserrées dans des contraintes économiques fortes que nous connaissons également. S’agissant des conditions de travail, ce qui domine, ce sont des emplois à temps partiel destinés à assurer des roulements horaires le week-end pour une disponibilité sept jours sur sept. C’est aussi un travail entrecoupé entre le matin et le soir. Ces coupes conduisent les travailleurs à rentrer chez eux, ce qui représente souvent quatre trajets à effectuer par jour, sur des distances pouvant aller jusqu’à 40 kilomètres du fait de l’éloignement du lieux de travail. Ce sont des conditions de travail difficiles et la crise des vocations actuelle aurait pu intervenir bien avant la crise sanitaire. La sinistralité élevée (plus élevée que dans le BTP) dans ce secteur atteste de conditions de travail dégradées.
Nous devons en conséquence revoir notre manière de concevoir les organisations du travail en faisant preuve d’innovation managériale et organisationnelle. C’est un constat partagé. Reste que, dans cette voie, les acteurs doivent être soutenus.
Transformer des organisations et redonner du sens au travail est un investissement important. Nous y travaillons au sein de VYV3. Par exemple, nous expérimentons actuellement une plus grande responsabilisation des équipes dans l’accompagnement à domicile. Il s’agit d’une transformation qui requiert également une forte implication de l’encadrement.
Dans ce contexte, une réforme de l’accompagnement du grand âge est très attendue. Tous les efforts fournis vont dans le bon sens. Afin de réenchanter ces métiers, il convient sans doute d’aller plus loin, de donner une réelle vision politique. Une grande loi doit aider à y parvenir.
La priorité est de s’occuper des professionnels soignants si l’on veut que nos établissements puissent faire face au vieillissement de la population et à l’augmentation croissante du nombre de personnes en perte d’autonomie. Cela requiert également un effort supplémentaire dans la formation des professionnels. »
Valérie Levacher s’est également exprimée sur la prévention :
« Aux yeux d’un acteur de soin, la prévention est encore insuffisamment prise en compte. Dans le financement du soin, la partie dédiée à la prévention n’apparaît pas. Cet élément n’est pas encore totalement intégré dans la prise en charge. C’est regrettable, et cela produit parfois des effets paradoxaux. Certains financements sont basés sur la lourdeur de la prise en charge. Si, dans le même temps, la prévention est financée, plus les gens seront en bonne santé moins les financements seront importants.
Par ailleurs, le dispositif de détection des fragilités Icope déployé en Occitanie est en phase 1, et il devrait s’étendre. C’est positif. La prévention retarde la dépendance et son impact sur l’ensemble du système et sur les dépenses de santé. »
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