Alors qu’au printemps, le Centre Médical National (CMN) de Sainte-Feyre n’accueillait que des patients post-Covid, il se retrouve aujourd’hui en première ligne. Depuis une quinzaine de jours, l’établissement reçoit également des patients aigus Covid. Retrouvez ci-dessous un article de la Montagne paru le 3 novembre consacré à cette nouvelle situation.
La deuxième vague déferle bien plus sur la Creuse que la première au printemps dernier ? C’est un fait. Et au CMN de Sainte-Feyre, on voit clairement la différence, ne serait-ce déjà qu’au niveau des patients qu’on accueille : « Par rapport au printemps, on n’est pas positionné de la même façon puisque pour la première vague, on était clairement identifié comme établissement accueillant des post-Covid graves, rapporte le docteur Marc Clavel. Alors que cette fois-ci, on participe aussi à la prise en charge de patients Covid, après leur passage aux urgences ».
« Ça s’est accéléré depuis la semaine dernière »
Une unité de 12 lits a été réservée à ces patients : « Quasiment tous ces lits sont occupés par des Covid aigus et des patients Covid sortis de réa, souligne Laurent Talarico, le directeur du CMN. On a eu le temps de se préparer. Tous les protocoles ont été mis en place. Notamment pour que l’on puisse continuer aussi la prise en charge de nos autres patients dans nos différents services. Au printemps, on avait accepté rapidement de recevoir les patients post-réa. Là, depuis quinze jours, on reçoit aussi des patients Covid aigus et ça s’est accéléré depuis la semaine dernière ».
Une organisation revue au sein de l’établissement
Il a bien sûr fallu adapter l’organisation au sein même de l’établissement. « Ici, tout était programmé pour du post-Covid, rappelle le docteur Marc Clavel. Il a fallu prendre du temps pour préparer les esprits à recevoir des Covid. Le directeur a rencontré les représentants syndicaux, on a fait une réunion générale. »
Vanessa Marquant, Laurent Talarico et le docteur Marc Clavel
« On a pu compter sur l’engagement et les compétences du personnel », souligne Vanessa Marquant, la directrice des soins. Un gros travail d’organisation en coulisses pour « une prise en charge chronophage », rapporte Laurent Talarico.
« Concernant la prise en charge de ces patients Covid, on applique le même protocole qu’en réa, détaille le docteur Marc Clavel. Nous possédons toutes les techniques d’oxygénation qui sont disponibles au centre hospitalier de Guéret. Mais si on se rend compte qu’il va y avoir un besoin de ventilation artificielle, on transférera le patient à l’hôpital. »
Des patients post-Covid moins lourds qu’au printemps
Pour les patients post-réa, « la prise en charge est différente de celle du printemps puisque pour beaucoup, ils avaient été ventilés longtemps et présentaient des handicaps respiratoires mais aussi moteurs et psychologiques.
Là, ces patients sont moins lourds puisqu’il y en a moins qui ont été ventilés. Ils ont souvent été placés sous des systèmes d’oxygénation et présentent donc un état clinique moins dégradé. Les post-Covid, ce sont des gens qu’on reçoit de réa, avec un aspect respiratoire qui reprend le devant de la scène alors qu’avant, il y avait aussi des défaillances musculaires et psychologiques. Là, ils arrivent plus précocement dans leur atteinte pulmonaire.
Au printemps, ils restaient entre 8 et 10 jours pour retrouver une autonomie nécessaire. Notre boulot à nous, c’est de bien évaluer quand ces patients pourront rentrer chez eux. » En se basant sur un critère essentiel d’évaluation : l’oxygéno-dépendance.
Même si le service dédié a, à ce jour, encore « quelques marges de manœuvre, ce n’est pas seulement une question de lits, il faut aussi les effectifs nécessaires » souligne le directeur du CMN. « On a deux patients qui rentrent cet après-midi (lundi, N.D.L.R.), ajoute le chef du service pneumologie. Un Covid et un post-Covid. »
Unité spéciale et personnel dédié
Au troisième étage, le couloir du service pneumologie est aujourd’hui réservé aux Covid et post-Covid.
Seul le personnel dédié à cette unité Covid de douze lits est autorisé à franchir les portes. Sonnette, caméra et les portes battantes s’ouvrent sur des paravents barrés d’un entrée interdite. « On est encore dans l’ajustement, on vient juste de passer à 12 heures », souligne Karine Prudhomme, cadre de santé. Dans les chambres, l’état de santé des patients est surveillé H24 par une caméra. « On surveille également la saturation, la tension, la fréquence cardiaque et la fréquence respiratoire. Quasiment tous sont sous oxygène. »
Quant au personnel dédié, il peut bénéficier de l’expérience de certains d’entre eux. « On a un infirmier qui était allé dans l’est pour la première vague. Son expérience est très appréciée. C’est un peu le chef d’orchestre de l’organisation mise en place, il nous a bien aidés et c’est un plus par rapport à cette nouvelle expérience. »
Dans cette unité, une attention toute particulière est évidemment portée aux fameux circuits propre-sale, concernant le linge, les déchets, les ascenseurs… « À l’entrée, il y a un vestiaire pour chaque personnel et une douche. »
Accédez à l’article de la Montagne du 3 novembre.
© La Montagne © BARLIER Bruno