VYV 3 Info

Retrouvez l’interview de Valérie Levacher dans les Echos

Le 15 avril 2021, le journal Les Echos publiait une interview de Valérie Levacher, Directrice du pôle Accompagnement de VYV 3, sur la gestion du grand âge. Impact de la crise Covid, Ségur de la santé, virage domiciliaire, soutien aux aidants… ont été autant de thèmes abordés dans cet article intitulé « La refonte de la prise en charge à domicile est une priorité ». Retrouvez ci-dessous l’interview dans son intégralité.

A la tête des activités liées aux personnes âgées et handicapées, services à domicile et petite enfance de VYV 3, l’offre de soins et d’accompagnement du groupe mutualiste VYV, Valérie Levacher décrypte les principaux enseignements de la crise du Covid-19 sur la gestion du grand âge.

Le Covid-19 a remis sur le devant de la scène la prévention et l’encadrement de la perte d’autonomie.

Quelles conclusions tirer de cette pandémie qui a notamment mis en exergue la vulnérabilité des personnes âgées ?

Cette crise sanitaire a été d’une telle ampleur qu’elle a montré que l’on n’est jamais suffisamment préparé. De surcroît, elle a permis de faire évoluer la représentation sociale que l’on se faisait de la vieillesse : les personnes âgées ne sont pas une catégorie homogène et la perte d’autonomie n’est pas nécessairement synonyme de perte de capacité à décider. En effet, la pandémie a notamment mis en lumière u n foisonnement de sujets éthiques qui se posent au quotidien. Le débat autour du recueil de consentement à la vaccination en a été une illustration. La prise de conscience de l’importance de cette liberté de choix est l’un des principaux effets de la crise.

Quels ont été les enseignements de cette crise sur le système de prise en charge de la dépendance ?

Confinement et limitation des visites, clusters… La pandémie a fait office de révélateur des faiblesses du système, confirmant les faiblesses du fonctionnement des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) . Ces derniers rencontraient déjà des difficultés avant la crise, notamment du fait de l’inadéquation des taux d’encadrement soignant à l’augmentation de la dépendance du public accueilli. Le Covid-19 a également remis sur le devant de la scène l’importance de la prévention (nutrition, activité physique, lien social…) et de l’encadrement de la perte d’autonomie.

La revalorisation salariale Ségur permet-elle de résoudre la question des Ehpad ?

Revaloriser les métiers de l’accompagnement et revoir à la hausse les rémunérations des professionnels est indispensable. La reconnaissance de ces métiers est aujourd’hui inversement proportionnelle à leur utilité sociale et leur niveau d’engagement. Les mesures Ségur sont une avancée m ême si on peut déplorer qu’elles ne s’appliquent pas aux personnels intervenant au domicile. Gérer des populations de salariés n’ayant pas le même niveau de rémunération constitue une réelle difficulté et c’est un sujet de réflexion majeur pour nous.

Surtout, en exacerbant les limites préexistantes des Ehpad, la crise a confirmé la nécessité de repenser l’offre de prise en charge et de travailler sur l’attractivité des métiers. Or, nous n’avons que peu de marge de manoeuvre. Le fonctionnement des Ehpad étant très encadré, une réforme des politiques publiques s’impose pour en finir avec l’insuffisance de moyens et pour mettre à niveau le ratio d’effectifs.

Quelles sont les principales pistes à explorer pour améliorer la situation ?

Ce que nous appelons le virage domiciliaire, c’est-à-dire la refonte de la prise en charge à domicile, est une priorité. D’une part, parce que les personnes âgées entrent en institution de plus en plus tard. D’autre part, parce que plus de 85 % des personnes âgées formulent le souhait de rester chez elles. Mais cela nécessite une meilleure coordination de l’ensemble des acteurs du secteur. A l’heure actuelle, cet écosystème est très cloisonné et l’offre pas toujours lisible. Un guichet unique et une meilleure coordination des différents intervenants (personnel chargé de l’entretien du logement, aide-soignant, infirmier, kiné…) sont nécessaires afin de répondre à l’enjeu de la continuité de services.

A votre niveau, quels sont les leviers d’action ?

D’abord, nous veillons à ce que nos Ehpad restent accessibles à tous (tous sont habilités à l’aide sociale). Nous nous saisissons des questions éthiques et avons notamment contribué à la réflexion sur la liberté de choix de la personne vulnérable dans le cadre du Cercle Vulnérabilités et Société.

Mi-2020, le groupe a rendu public son plaidoyer sur le grand âge et l’autonomie, où sont détaillées 21 propositions qui reflètent nos valeurs et nos priorités, dont l’urgence d’une politique globale de prévention et la nécessaire transformation de l’offre pour favoriser le maintien à domicile avec, en parallèle, une plus grande médicalisation Ehpad, plus ouverts sur l’extérieur et intégrant une augmentation du temps de présence soignante.

Nous conduisons déjà de très nombreuses expérimentations sur le terrain en ce sens : logements adaptés dans le Grand Ouest, dispositifs renforcés de soutien à domicile en région parisienne et Pays de la Loire, télémédecine en Ehpad en Bourgogne… Notre plaidoyer prône également un renfort du soutien aux aidants.

Quels types de dispositifs peuvent être envisagés pour le soutien des aidants ?

A l’heure où 11 millions de personnes, soit un Français sur cinq, occupent la place d’aidant familial, l’aidance constitue un enjeu sociétal majeur. Avec le projet « Moment de vie aidant-aidé », le Groupe VYV entend « aider les aidants à aider ». Outre une large palette de solutions et de services qui leur sont dédiés, nous avons également déployé une démarche de détection. De par nos activités à domicile et en clinique, nous disposons de plusieurs points d’entrée pour identifier les aidants et leur offrir un accompagnement personnalisé. Cette approche holistique est indispensable.

Accéder à l’article d’origine dans les Echos

Crédit Photo : Youssef Larayedh

Partager cet article par mail

-1+1 3 votant(s)
Loading...